Les délais d’attente dans les services d’urgence exposent les patients à des risques

L’attente dans les salles d’urgence, pendant des heures avant que quelqu’un s’occupe de nous, est une expérience que la plupart d’entre nous avons partagée, et ce à plusieurs reprises. C’est un fléau lamentable, mais encore plus choquant, passer de longues périodes de temps dans les salles d’urgence peut compromettre notre santé. Et pourtant, notre administration refuse de reconnaitre cette situation et aucune action n’est prise pour corriger l’insuffisance chronique de personnel dans les salles d’urgence.

L’automne dernier, durant la période de questions, j’ai demandé au ministre de la Santé s’il avait l’intention d’agir pour réduire les périodes d’attente dans les salles d’urgence afin de protéger la sécurité des patients. Il a refusé de reconnaitre que les patients étaient en danger. À la place, il a choisi de se figer sur la nécessité de diriger les gens avec des maux mineurs hors des salles d’attente des services d’urgence.

C’était comme lancer un os à une meute pour la distraire. Pour ceux qui comme nous accompagnent leurs enfants à l’urgence pour des otites, des maux de gorge, ou des infections urinaires, nous ne ralentissons pas les traitements des grands malades ou des patients accidentés. Nous ne faisons qu’attendre et attendre jusqu’à ce qu’ils soient traités, mais nous ne recevons tout de même pas un traitement au moment opportun. Les urgentistes sont plus que frustrés quand ils se retrouvent forcés d’agir alors qu’ils dépassent leur capacité humaine d’intervenir pour satisfaire les gens qui ont besoin de soins aussitôt que possible. Et ils savent mieux que quiconque que les sous-effectifs dans les salles d’urgence peuvent avoir des conséquences tragiques.

De fait, notre système de santé s’est déjà fixé des cibles que devraient atteindre les services d’urgence. La cible des services d’urgence est que moins de 4 % des patients deviennent frustrés et partent avant d’avoir été vus. La plupart des services d’urgence des hôpitaux au Nouveau-Brunswick dépassent de 2 à 3 fois cette cible. Jusqu’à 10 à 12 pour cent des gens qui attendent dans nos services d’urgence quittent l’hôpital avant même qu’ils aient été vus par un médecin.

Les gens qui attendent d’être admis aux services d’urgence sont triés. 40 % des gens qui passent les portes des services d’urgence sont dans la catégorie de patient 3, soit ceux qui doivent absolument être vus par le médecin le plus tôt possible. Quelle est la cible provinciale pour ceux d’entre nous qui se retrouvent dans cette catégorie ? 80 % de ces patients devraient attendre moins de 30 minutes après leur arrivée au service d’urgence. Mais, face au manque de personnel chronique, les services d’urgence passent à côté de cette cible 4, 5 et même 6 fois. C’est une question sérieuse de sécurité des patients et le ministre de la Santé doit le reconnaitre et puis agir en conséquence.

Durant ces heures, ces deux heures, et même ces trois heures d’attente, la condition des patients de catégorie 3 peut s’aggraver, des préjudices peuvent survenir ; selon la cible que les services d’urgence devraient atteindre, ces conséquences pourraient être évitées si ces patients étaient vus moins d’une demi-heure après leur arrivée. Et tout aussi préoccupants, certains patients de cette catégorie font partie des 10 à 12 pour cent des gens qui quittent l’hôpital frustrés et peuvent faire face à des conséquences catastrophiques. Il existe aussi d’autres personnes qui ne vont pas à l’urgence alors qu’elles devraient vraiment s’y rendre, parce qu’elles ne peuvent pas faire face à ces longues heures d’attente pour voir un médecin. Il n’existe pas de statistiques pour ce groupe.

Nos services d’urgence ont désespérément besoin d’un plus grand nombre de médecins, d’infirmières praticiennes et d’adjoints aux médecins pour garantir la sécurité de ceux qui sont cordés dans les salles d’attente. Cela devrait faire la première Page des médias. Les Néobrunswickois s’attendent lorsqu’ils ont besoin de soins médicaux à les obtenir en temps opportun à l’hôpital. Pour certains, ce n’est pas le cas parce qu’on manque de personnel.

Une solution immédiate serait d’accorder aux médecins l’autorité d’appeler du personnel additionnel quand ils déterminent que les temps d’attente représentent un danger pour leurs patients. Les urgentistes peuvent déjà le faire dans le cas d’une crise à la suite d’une catastrophe comme un déraillement. Il ne fait pas de doute que la définition de catastrophe pourrait être étendue pour inclure les temps d’attente qui menacent la santé des patients. Les médecins doivent avoir l’autorité d’appeler du personnel supplémentaire afin d’agir dans les intérêts supérieurs de leurs patients.

Une solution permanente est d’empêcher que les temps d’attente deviennent une menace pour les patients en augmentant le budget de nos services d’urgence, afin qu’ils puissent augmenter leurs niveaux de personnel et ainsi éviter les causes de ces situations périlleuses. Le budget provincial de 2017 sera publié au début du mois prochain. On doit y trouver des sommes additionnelles allouées aux autorités de la santé destinées à résoudre les temps d’attente dans nos services d’urgence. Parfois, c’est l’argent qui est la solution.

David Coon est chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick et député de Fredericton-Sud.