Destination Nouveau-Brunswick – mieux qu’une utopie

« Au début du 20e siècle, le Nouveau-Brunswick suscitait beaucoup d’intérêts. Mais, au cours des décennies successives, le Nouveau-Brunswick a sombré dans une obscurité relative. » C’est ainsi que le plus grand guide touristique au monde, Lonely planet, débute son introduction consacrée à notre province, en soulignant que les voyageurs maintenant ne font que traverser la province.

La plupart des Canadiens adoptent le même comportement, ‒ oublions pour l’instant les voyageurs de l’extérieur de nos frontières ‒ le Nouveau-Brunswick est en quelque sorte la matière noire de la carte de notre pays. La matière noire est partout dans notre univers, mais on ne peut pas la voir directement parce qu’elle n’émet ni lumière ni énergie. Les Canadiens savent que nous sommes ici, mais ils ne peuvent pas nous voir, même lorsqu’ils traversent sur les quatre voies qui les éjectent du Québec ou du Maine vers le pont de la Confédération ou vers le centre d’accueil à la frontière de la Nouvelle-Écosse.

Faut pas s’en étonner. Notre tout nouveau centre d’accueil des touristes, juste le long des quatre voies qui happent les voyageurs au Nouveau-Brunswick à St Stephen, est incroyablement banal. Si vous arrivez à voir de l’autre côté des enseignes criardes des restaurants rapides, du garage Irving et du dépanneur, il se peut que vous voyiez un immense point d’interrogation ‒ sans logo ou affiche du Nouveau-Brunswick ‒ juste un point d’interrogation gigantesque, avec comme sous-titre : Information. Ce n’est pas une blague. C’est l’image de marque que le Nouveau-Brunswick a choisie pour notre tout dernier centre d’information des visiteurs.

Lors d’une récente rencontre communautaire dans ma circonscription, mes constituants ont partagé leurs inquiétudes concernant la médiocrité de nos efforts pour promouvoir le Nouveau-Brunswick et permettre à nos visiteurs une expérience mémorable. Je pourrais m’offrir un excellent diner avec l’argent que je ferais si j’obtenais un dollar chaque fois que quelqu’un me demande la raison pour laquelle nous ne pouvons pas nous permettre des publicités à la télé comme celles produites par l’administration de Terre-Neuve et du Labrador.

Pour être juste, il faut avouer que le personnel du Ministère du Tourisme, du Patrimoine et de la Culture a créé un excellent site Web pour le tourisme et a porté beaucoup d’attention pour créer une présence en ligne pour le Nouveau-Brunswick. Quand vous cherchez sur Google Nouveau-Brunswick, le site de la province vient en première place, mais encore accompagné de la référence de Lonely planet et de l’article de la CBC sur le Nouveau-Brunswick, seule province dont la population s’amoindrit.

Chacun d’entre nous sait que le potentiel du tourisme dans notre province est immense, mais largement inexploité. L’administration provinciale a inclus le tourisme dans sa stratégie de croissance, mais nous avons besoin de générer de l’enthousiasme et de la lumière pour qu’elle soit un succès.

Nous devons trouver une marque pour que le Nouveau-Brunswick brille à travers la matière noire qui nous empêche d’être vue par la plupart des Canadiens. Et nous devons créer des services pour le tourisme et des services qui encouragent véritablement le tourisme. Ces deux exigences sont en dehors des seules capacités du Ministère du Tourisme et requièrent une vision à long terme.

La route panoramique le long de la vallée du fleuve Saint-Jean, par exemple, est splendide, mais ressemble à une terre que le temps a oubliée à mesure que la route à quatre voies expédie nos visiteurs en dehors de la région. La chaussée est négligée, les services sont rares et n’offrent pas d’arrêts pittoresques, il n’y a pas d’infrastructure touristique hormis King’s Landing, et pas de promotion pour des destinations comme Woodstock, Fredericton ou Gagetown. En un mot, une sortie ennuyeuse si ce n’était des vues majestueuses.

Nos cultures, notre cuisine, nos microbrasseries et nos cidres, nos artistes et notre histoire composent cet ensemble de sujets dont nos visiteurs parlent abondamment lorsqu’ils les ont connus, mais trop souvent nous ne réussissons pas à les rendre accessibles et attrayants pour susciter de tels engouements.

Le nouveau centre des arts de la scène planifié pour Fredericton fournit une occasion unique pour présenter aux touristes un attrait pour la région si nous créons un festival d’été de musique et de théâtre semblable à celui de Charlottetown. Les spectateurs pourraient apprécier nos cultures, notre musique et notre histoire, des productions théâtrales fondées sur les récits emblématiques du Nouveau-Brunswick. Tout cela créerait des occasions pour nos auteurs dramatiques, nos compositeurs, nos musiciens et nos acteurs. Les visiteurs pourraient coordonner leurs vacances autour du festival d’été.

Les occasions d’accroitre appréciablement le tourisme dans toute la province abondent, mais cela demande que l’administration en fasse une priorité, qu’elle investisse dans les infrastructures et les services, et qu’elle travaille en collaboration avec nos régions pour réaliser cet objectif.

Le Nouveau-Brunswick est un des secrets les mieux gardés au pays, mais pour le laisser connaitre à nos compatriotes canadiens, cela demande de la créativité, de la collaboration et de l’audace. Fondamentalement nous avons besoin de croire en nous pour réussir cette transformation. Ce furent les ingrédients nécessaires qui nous ont convaincus de nous unir à la Nouvelle-Écosse et à la province du Canada pour créer un pays il y a 150 ans. C’est ce qui a été nécessaire pour le programme d’égalité sociale de Louis Robichaud il y a 50 ans. Comparé à ces changements révolutionnaires, avec un leadeurship adéquat, rendre le Nouveau-Brunswick une destination touristique devrait être comme une balade.

David Coon est chef du Parti vert et député de Fredericton-Sud.